La notion de créativité est presque impossible à définir. Cela fait partie de son charme. Peu importe qui nous sommes et ce que nous créons, le processus créatif commence toujours par la même chose : une page blanche.
Qu’elle soit physique ou numérique, cette page blanche est un espace vierge pour faire fructifier nos idées, pour créer quelque chose d’unique, de singulier, de presque éternel.
Malheureusement, les choses ne sont pas toujours si simples. Il y a des moments, des jours, voire des mois, où les idées ne viennent pas, où l’on se bat contre le doute et l’auto-sabotage. Des jours où les éléments semblent se liguer contre nous et notre productivité. Mais, ces jours difficiles font aussi partie du processus créatif, pour le meilleur et pour le pire.
La créativité n’est pas censée être facile. C’est ce qui rend le jeu intéressant : la difficulté et l’incertitude.
Si tout était facile, ce serait un peu comme connaître la fin d’un film avant de le regarder, un spoiler ennuyeux.
Mais pas de panique !
Notre cerveau humain est vraiment conçu pour résoudre des problèmes. C’est en cela que consiste la création : résoudre le problème du passage d’une idée de l’esprit à la réalité.
Premières étapes
Alors, comment faire pour surmonter les moments où vous vous sentez bloqué face à cette page blanche ? Comment réagir au mieux lorsque la créativité n’est pas au rendez-vous ? Comment faire quand vous vous ennuyez, ou que vous êtes épuisé de créer ?
D’une certaine manière, la réponse est qu’il est impossible de s’en sortir – ou du moins qu’il est impossible de s’en sortir en continuant à adopter la même approche. Si vous continuez à vous heurter à un mur de briques, est-il plus probable que le mur finisse par s’écarter de votre chemin ou que vous continuiez à vous blesser ? Ne faites pas semblant de réfléchir…
Que nous le croyions ou non, nous sommes des êtres créatifs, capables de résoudre des problèmes. Toutefois, nous ne pouvons être efficaces que si nous nous préparons correctement et si nous préparons notre environnement. Comme tout ce que nous exerçons en tant qu’êtres humains, la créativité est un muscle ; elle a besoin d’être entretenue et entraînée. Sinon, nous perdons progressivement la capacité à contracter ce biceps créatif.
Un “mangeur de chips sur canapé” pourrait-il se lever un jour et courir un semi-marathon ? Bien sûr que non. Il aurait un point de côté et une crise cardiaque avant d’avoir parcouru 1Km.
De la même manière, la créativité peut devenir insurmontable si l’on s’y lance à cœur perdue sans avoir pris quelques mesures de base positives. Ces mesures positives ne garantissent pas le succès – rien ne peut le garantir – mais elles peuvent vous aider à nourrir et à développer votre pratique créative, ce qui vous donnera plus de chances d’y prendre plaisir.
1. Faites une pause
Lorsque nous sommes bloqués sur le plan créatif, nous essayons parfois de nous frayer un chemin en travaillant plus dur et plus longtemps, comme si l’effort seul était la clé magique. Cette approche peut sembler quantitativement meilleure, mais elle est qualitativement inutile. En fait, elle est contre-productive, surtout si nous continuons à faire la même chose encore et encore et que nous nous attendons à ce que les résultats changent. C’est à la fois la définition de la folie et de l’« idiot occupé ».
L’antidote consiste simplement à s’arrêter, à faire une pause, et à faire le point sur votre situation et sur ce qui se passe autour de vous. Il est étonnant de constater à quel point nous pouvons nous éloigner du présent lorsque nous nous laissons emporter par nos pensées, par des habitudes de vie et de travail malsaines, et que nous nous laissons happer par les pics de dopamine des réseaux sociaux.
Votre environnement immédiat dans le moment présent est toujours votre point zéro, peu importe ce qui se passe ailleurs et peu importe à quel point les autres personnes exigent que vous vous engagiez avec elles ou même essaient de vous pousser à l’action. Si vous voulez créer des conditions créatives optimales et retrouver le plaisir d’être créatif, il faut commencer par là : faire une pause de quelques jours.
2. Définissez votre trajectoire
Une fois que vous avez fait une pause, que tous les rouages ont cessé de tourner dans votre esprit, l’étape suivante consiste à respirer, à prendre un moment et à commencer à réfléchir à deux choses :
- Ce que vous voulez réaliser
- Comment vous pouvez travailler au mieux pour y parvenir
Cela peut sembler facile, mais il est souvent difficile de définir clairement ce que l’on veut atteindre, notre objectif. Si vous aviez mis en place un processus créatif sain, vous sauriez déjà comment répondre à ces questions.
Il ne s’agit pas seulement de définir ce que vous voulez et comment vous y arriverez en termes de travail. Il s’agit de faire le point sur l’ensemble de votre mode de vie, de vos habitudes alimentaires à votre temps de scroll sur les réseaux, et de définir ce qui correspond ou non à vos intérêts. Tout apporte une nuance au tableau d’ensemble, même subtilement.
Une fois que vous avez une image complète et nuancée de votre situation actuelle, vous pouvez définir les choses de manière plus large. Vous pouvez définir le type de personne que vous êtes et la manière dont vous travaillez le mieux. Plus important encore, surtout si vous vous épuisez régulièrement à cause du surmenage, vous pouvez définir ce que vous considérez comme « suffisant » – ce qu’est un travail suffisant, ce qu’est un salaire suffisant, etc.
Vous pouvez ensuite utiliser ces informations pour définir votre futur moi, le type de personne que vous voulez être et l’objectif personnel ultime que vous poursuivez. Cela vous servira de ligne de conduite lorsque, inévitablement, les circonstances essaieront de vous faire dévier de votre route.
3. Soyez attentif
Une fois que vous avez fait une pause et défini vos objectifs, il est temps de commencer à cultiver une approche plus attentive de votre vie et de votre créativité.
Mais qu’est-ce que cela signifie ? Il s’agit d’attirer votre attention sur le moment présent aussi souvent que possible. Il s’agit de prendre conscience de vos pensées et de vos attitudes lorsqu’elles se présentent et de ne pas les laisser vous entraîner dans un trou de lapin.
Parfois, nous sommes un peu comme des voyageurs anxieux, même lorsque nous avons les deux pieds sur terre. Un passager anxieux reste assis, agrippé à l’accoudoir, les jambes agitées, à l’écoute de tous les bruits que fait le moteur de l’avion, se persuadant qu’un crash est imminent.
C’est aussi ce que nous pouvons faire dans tous les domaines de notre vie lorsque nous laissons notre esprit s’emballer, se “catastrophiser”. Lorsque nous nous disons que rien ne va ou que, même si c’est le cas, quelque chose va forcément mal se passer, nous nous empêtrons dans la fiction et finissons par nous stresser inutilement.
Une approche attentive ne signifie pas qu’il faille s’asseoir et méditer en permanence ou que les idées coulent toujours de source. Cela signifie que vous vous connectez à ce qui se passe réellement autour de vous et que vous restez conscient de ce que vous ressentez et pensez, mais sans vous y empêtrer au point de ne plus voir les choses clairement et objectivement.
Notre cerveau est préparé à générer des pensées indésirables et des histoires de catastrophes, parfois plus fréquemment que d’autres. C’est une rémanence de l’époque où nous étions des chasseurs-cueilleurs, conçue pour nous protéger de notre environnement rempli de prédateurs. Ce mécanisme passé, nous ne pouvons pas l’arrêter, mais nous pouvons contrôler la façon dont nous y réagissons. Nous pouvons choisir de voir notre catastrophisme et notre anticipation pour ce qu’ils sont – une activité cérébrale automatique – et non comme une réalité à prendre en considération. Apprenons à nous éloigner de nos vestiges de survivalisme pour laisser s’exprimer notre créativité sans crainte.
4. Apporter des changements positifs
Une fois que nous avons réaligné tout ce qui devait l’être et que nous avons assimilé la théorie des changements positifs, il est temps de passer à la pratique et de commencer à concrétiser ces changements positifs. Pour que la théorie ait un effet, nous devons nous montrer à la hauteur de nous-même.
Il est essentiel de s’en souvenir, car nous pouvons parfois tomber dans le piège des publicités du type « ce simple truc va tout arranger ». Mais il y a rarement de solution miracle. Lorsque nous commençons à apporter des changements positifs, en particulier si nous voulons cultiver des conditions créatives optimales, nous devons les faire, les répéter et les inculquer jusqu’à ce qu’ils deviennent habituels.
Se montrer présent à soi-même et à sa pratique créative signifie réserver le bon moment et préparer les choses de manière à être dans la pièce mentalement, et en phase avec soi-même et avec ce que l’on veut réaliser – sans se laisser distraire par les téléphones, les emails, les sites web, les collègues, les membres de la famille, les tâches ménagères, les émissions de télévision et tout ce qui, dans notre environnement, peut nous éloigner de notre précieux temps de création.
Le mot « investissement » est essentiel ici. Comme toute chose dans la vie, si vous voulez réussir dans votre pratique créative (quelle que soit votre définition du succès), vous devez y investir du temps comme vous le feriez pour de l’argent. Plus vous investissez votre temps, plus vous obtenez de bons résultats.
5. Nourrir sa créativité
La créativité est une chose merveilleuse aux multiples facettes. Pour certains, c’est une profession, et ils se définissent comme des créatifs, gagnant leur vie grâce à leurs idées. Pour d’autres, il s’agit simplement d’un passe-temps agréable, quelque chose que l’on fait le soir ou le week-end pour se détendre – peindre, tricoter, jouer d’un instrument. Mais quel que soit le but de la création, la lutte pour trouver le temps, le flow, le plaisir, a toujours été la même et le sera toujours. Cela fait partie de la condition humaine.
De temps en temps, oui, nous allons naturellement nous laisser distraire ou dérailler d’une manière ou d’une autre. Nous sommes humains, nous sommes faillibles et il arrive que des choses échappent à notre contrôle. C’est normal. Nous ne sommes pas des machines créatives ; nous ne disposons pas d’un interrupteur « créer maintenant » que nous pouvons activer et désactiver à volonté (et encore, si c’était le cas, ce ne serait pas très amusant). Même en suivant les conseils donnés ici, nous n’installerons pas cet interrupteur pour vous.
Cependant, lorsque nous essayons consciemment de pratiquer une approche attentive, nous pouvons contrôler la façon dont nous réagissons lorsque nous nous éloignons de notre objectif. Il est important de reconnaître les distractions, qu’elles soient internes ou externes, et de se remettre sur la bonne voie dès que possible, sans culpabiliser. Il y a une différence entre se responsabiliser et se faire honte inutilement.
Si vous voulez faire pousser des fleurs ou des légumes, vous ne pouvez pas vous contenter de jeter les graines, de les arroser une fois et de vous attendre à ce que de belles roses ou des tomates appétissantes poussent. Se mettre en colère et frapper le sol avec sa pelle lorsque les choses ne poussent pas ne fonctionne pas non plus. Vous devez être prêt à arroser le sol, à arracher les mauvaises herbes, à tailler, à éclaircir, à rempoter, à prendre conscience des conditions météorologiques – et la liste est encore longue. Plus vous apprenez, plus vous vous rendez compte qu’il y a encore des choses à apprendre et à améliorer. C’est un processus en constante évolution. Vous développez votre compréhension ainsi que votre produit final, quel qu’il soit.
Votre processus créatif nécessite le même type de soin et d’attention constante et ciblée. La production finale que vous voulez créer, quelle qu’elle soit, elle doit aussi venir de vous. Personne ne pouvait organiser les courses d’Usain Bolt à sa place. C’est lui qui devait se présenter sur la piste, préparé, avec toutes les bonnes choses en place pour lui donner la meilleure chance de courir 100 ou 200 mètres dans le meilleur temps possible.
De même, personne ne peut vous rendre plus attentif ou plus créatif, quel que soit le nombre de citations et de métaphores inspirantes que vous pourrez trouver sur internet. Une fois que vous avez réalisé qu’il y a autant de beauté, de croissance et de liberté dans le processus que dans le produit (si ce n’est plus), alors vous réalisez la valeur de ce process et vous pouvez commencer à le faire fonctionner pour vous.